Près de 85 % des émissions de gaz à effet de serre d’un chantier sont liées aux émissions de fabrication des matières premières du chantier, loin devant le fret de ces matériaux, l’énergie de mise en œuvre ou les déplacements des intervenants de la construction.
Source : ECIC – Olivier Papin – Impact carbone de la construction d’un bâtiment – 2023 – https://conseils.xpair.com/actualite_experts/impact-carbone-construction-batiment.htm
Les matériaux de construction traditionnels ont un cycle de vie très énergivore. Leur production nécessite d’importantes quantités d’énergie fossile, ce qui entraîne des émissions de gaz à effet de serre. De plus, l’extraction des matières premières nécessaires à leur fabrication a souvent des conséquences néfastes sur l’environnement. A l’échelle mondiale, les émissions liées à la fabrication de ciment représentent par exemple près de 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Les matériaux biosourcés : une alternative d’avenir
À compter du 1er janvier 2030, l’usage des matériaux biosourcés ou bas-carbone représentera au moins 25% des rénovations lourdes et des constructions relevant de la commande publique selon l’Article L228-4 du Code de l’environnement.
Les matériaux biosourcés sont issus de la biomasse, c’est-à-dire de matières organiques renouvelables comme le bois, les végétaux ou les déchets agricoles.
Exemples de matériaux biosourcés :
Le bois : Utilisé depuis des siècles dans la construction, le bois est un matériau renouvelable et à faible empreinte carbone. Il peut être utilisé sous forme de bois massif, d’ossature bois ou de panneaux de bois.
Les isolants naturels : La laine de bois, la ouate de cellulose ou le chanvre sont des isolants thermiques et acoustiques performants, issus de ressources renouvelables.
Les panneaux de particules biosourcés : Ces panneaux sont fabriqués à partir de bois ou de végétaux et peuvent être utilisés pour les cloisons, les planchers ou les revêtements.
Les bétons biosourcés : Ces bétons sont élaborés à partir de liants biosourcés, tels que le chanvre ou les cendres volantes, et d’agrégats naturels.
L’intérêt des matériaux biosourcés
Les matériaux biosourcés possèdent des propriétés allant bien au-delà de leur seule performance thermique pour l’isolation des bâtiments. Ce sont des matériaux poreux et hygroscopiques, les rendant efficaces pour réguler les variations de température et d’humidité à l’intérieur des bâtiments : c’est le comportement hygrothermique. Cette caractéristique les rend aussi plus stables dans le temps que des matériaux synthétiques.
Les matériaux biosourcés offrent aussi d’excellentes propriétés acoustiques, souvent supérieures à celles de leurs homologues conventionnels.
Issus de ressources naturelles, les matériaux biosourcés sont réputés pour offrir une grande qualité d’air intérieur. Leur seuil d’émission de composés organiques volatils (classe A+ en général) est inférieur à la classe européenne la plus exigeante et certains ont même des capacités dépolluantes. Les parois biosourcées retardent également les transferts de chaleur à l’intérieur des parois permettant d’assurer un confort à l’intérieur des bâtiments été comme hiver.
Les matériaux biosourcés répondent aux mêmes standards de qualité que tous les autres matériaux de construction : ils sont soumis aux mêmes cadres normatifs et réglementaires.
Les matériaux biosourcés sont issus de la biomasse végétale ou animale. Cette matière première est renouvelable par nature, et dans le cas de certains matériaux, elle est issue du recyclage.
La production de matériaux biosourcés nécessite moins d’énergie et génère moins de CO2 que les matériaux traditionnels. Leur fabrication réclame de faibles besoin énergétiques. Par ailleurs, issus majoritairement de biomasse végétale, ils captent le CO2 de l’atmosphère et le stockent pendant toute la durée de vie du bâtiment.
Si elle fut considérée comme un frein au cours des premières années de développement des produits biosourcés, la question de leur compétitivité ne fait plus débat au regard des bénéfices qu’ils offrent et des coûts indirects qu’ils permettent de maîtriser. De nombreux exemples en attestent dès lors que l’on prend en compte le coût global d’une construction.
La norme européenne n’impose pas de pourcentage minimum de biomasse dans la composition des produits, plusieurs fabricants s’appuient sur le Label Produit Biosourcé.
Certains sont adhérents de l’Association des Industriels de la Construction Biosourcée (AICB).
En 2020, ces filières représentent de 3 000 à 4 000 emplois non délocalisables, répartis dans plusieurs régions françaises.
Comme tout matériau, conventionnel ou non, ils peuvent présenter des désordres, voire des sinistres s’ils sont mal mis en en œuvre.
Pour vous guider, voici un rapide tour d’horizon des principaux points de vigilance : https://www.ffbatiment.fr/techniques-batiment/performance-environnementale-batiments/materiaux-biosources/dossier/points-de-vigilance-lors-de-la-mise-en-oeuvre-de-materiaux-biosources
L’exemple des isolants biosourcés
L’impact environnemental des isolants biosourcés est environ 4 fois moins important que celui d’un isolant conventionnel, comme la laine de verre ou la laine de roche.2
Cet écart est essentiellement lié à la phase de production (extraction de la matière première, transport et fabrication) au cours de laquelle les isolants conventionnels émettent la majorité de leurs gaz à effet de serre (GES), alors que les isolants biosourcés n’en émettent quasiment pas. Ces derniers présentent même parfois un bilan négatif durant cette phase qui s’explique par le fait qu’ils sont issus de matières organiques et qu’ils absorbent le CO2 au cours de leur croissance (séquestration du carbone). De plus, leur transformation avant utilisation est généralement peu énergivore, ce qui réduit encore davantage leur bilan carbone. Enfin, ils sont souvent issus de la valorisation d’un co-produit de l’agriculture ou de la sylviculture.
Pour vous guider dans le choix des matériaux, vous pouvez vous référer aux Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES), pour les produits de la construction et de décoration, et aux profils environnementaux produits (PEP) des équipements. Ces fiches, réalisées par les producteurs, détaillent tous les impacts de leurs produits.